Informations générales sur l’accident vasculaire cérébral
Dans ce chapitre, nous souhaitons examiner de plus près une maladie spécifique du groupe des maladies cardiovasculaires : l’accident vasculaire cérébral (AVC). En Belgique, 29 000 patients en moyenne sont admis à l’hôpital chaque année avec un diagnostic principal d’AVC[1]. L’accident vasculaire cérébral (AVC) survient lorsque certaines zones du cerveau sont endommagées en raison d’un manque d’oxygène.
L’AVC peut être causé par deux incidents différents :
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“En 2022, 28 810 personnes ont été hospitalisées avec un diagnostic principal d’AVC.”
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En 2022, 28 810 personnes ont été hospitalisées avec un diagnostic principal d’AVC. À partir de 40 ans, on observe une augmentation marquée de l’incidence des hospitalisations liées à cette pathologie. La différence entre les sexes est relativement faible, avec 51 % d’hommes et 49 % de femmes. Toutefois, il est important de noter qu’entre 40 et 79 ans, les hommes sont plus fréquemment hospitalisés pour un accident vasculaire cérébral que les femmes.
Nombre de séjours avec un diagnostic principal d’accident vasculaire cérébral, par sexe et par groupe d’âge
Les symptômes d’un accident vasculaire cérébral se manifestent très rapidement et comprennent une perte de force ou une paralysie du visage, du bras et/ou de la jambe, des difficultés d’élocution, une perte de vision, des vertiges ou des troubles de l’équilibre et de violents maux de tête. La gravité d’un AVC dépend de l’étendue des lésions du tissu cérébral et du délai écoulé entre l’accident et l’instauration du traitement. Lorsque l’AVC est causé par une thrombose, il est nécessaire de débuter le traitement, qui consiste à retirer le caillot sanguin (thrombectomie) ou à dissoudre le caillot par administration intraveineuse d’un médicament anticoagulant (thrombolyse), dans un délai de 6 heures. Plus le traitement est instauré rapidement, meilleures sont les chances de guérison. Dans ce cas, le principe d’application est le suivant : « Time is brain ».
Une récupération complète de cette maladie grave n’est pas garantie. Par exemple, dans les hôpitaux belges, 2 934 patients (soit 10,2 %) sont décédés en 2022 à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Malheureusement, un grand nombre de patients conservent également une incapacité permanente suite à l’AVC.
En savoir plus ?
https://www. belgianstrokecouncil.be/
Le programme de soins « soins de l’accident vasculaire cérébral »
La recherche scientifique[2]a montré que la mise en place d’unités spécialisées dans le traitement des accidents vasculaires cérébraux - appelées « stroke units » - améliore considérablement la récupération des patients. Elle permet notamment une diminution du risque de décès, une diminution du risque d’admission en réadaptation dans un établissement de soins et une diminution de la durée du séjour à l’hôpital.
Depuis 2014, un cadre juridique encadre la création de programmes de soins pour les AVC. Celui-ci décrit une organisation des soins en plusieurs niveaux, en fonction de la complexité et de la gravité de l’accident vasculaire cérébral. Ce cadre est associé à un ensemble de normes de qualité auxquelles il faut se conformer.
Dans le module « Soins aigus à l’hôpital », on distingue trois types :
- S0 – Hôpital sans agrément S1 ou S2, mais disposant d’un protocole de soins « soins de l’accident
vasculaire cérébral » ; - AVC_S1 – Programme de soins de base « soins de l’accident vasculaire cérébral »
- AVC_S2 – Programme de soins spécialisé « soins de l’accident vasculaire cérébral impliquant des
procédures invasives ». Chaque autorité d’agrément ne peut accorder son agrément qu’à un maximum
de 8 centres et un maximum de 15 centres AVC_S2 peuvent être agréés en Belgique au total.
Vous voulez en savoir plus ?
Arrêté royal du 19 avril 2014 fixant les normes auxquelles les programmes de soins « soins de l’accident vasculaire cérébral (AVC) » doivent répondre pour être agréés
Vous voulez en savoir plus ?
Arrêté royal du 16 décembre 2018 fixant le nombre maximum de programmes de soins spécialisés « soins de l’accident vasculaire cérébral aigu impliquant des procédures invasives
La concentration des soins invasifs pour les AVC constitue un objectif important de santé publique afin d’assurer une qualité de prise en charge optimale pour les patients. L’arrêté royal du 20 septembre 2022 a modifié la réglementation en vigueur en introduisant des normes de volume, une répartition géographique des centres et une limitation du nombre maximal de centres de soins invasifs pour les AVC, en tenant compte des compétences des différentes autorités en matière de reconnaissance. Toutefois, ces modifications ont été annulées à la suite d’un recours introduit auprès du Conseil d’État. [3]
Pour exploiter un programme de soins AVC_S1 ou AVC_S2, un hôpital doit recevoir un agrément de l’autorité compétente. Dans l’attente de ces agréments, les hôpitaux ont déjà mis en place une collaboration étendue au sein et en dehors de leur réseau. En effet, une étroite collaboration aussi bien avec l’aide médicale urgente qu’avec les centres de réadaptation agréés revêt une grande importance.
Le déroulement du trajet de soins du patient
Hyperaigu
En cas de suspicion d’accident vasculaire cérébral (AVC), il est crucial d’alerter immédiatement les services d’urgence pour que le patient soit pris en charge dans les plus brefs délais. Ceux-ci veilleront à le transporter rapidement vers l’hôpital le mieux équipé, en tenant compte à la fois de la nature de l’AVC et de la distance.
En 2022, 92 % des patients victimes d’AVC ont été admis à l’hôpital après être passés par les urgences. Parmi eux, 46 % sont arrivés sans ambulance, tandis que 41 % ont été transportés en ambulance. Une équipe SMUR (Service Mobile d’Urgence et de Réanimation) n’a été mobilisée que dans 14 % des cas.
Dès l’arrivée du patient aux urgences, un diagnostic est rapidement établi et le premier traitement médicamenteux est administré sans délai afin d’optimiser les chances de récupération.
Aigu
En fonction de la gravité de l’AVC et du niveau de spécialisation de l’hôpital, une consultation multidisciplinaire déterminera si le patient peut poursuivre son traitement dans l’établissement actuel ou s’il nécessite un transfert vers un centre plus spécialisé, notamment pour réaliser une thrombolyse ou une thrombectomie.
Selon l’état du patient, celui-ci pourra être admis dans une unité spécialisée dans le traitement des AVC, appelée “stroke unit”, pour une prise en charge et une surveillance intensives. Si son état est jugé stable, il pourra être dirigé directement vers le service de neurologie pour continuer sa convalescence.
Thrombolyse Afin de prévenir des lésions irréversibles du tissu cérébral, il est crucial, pour certains patients, de débuter un traitement anticoagulant dès que possible, idéalement dans les 30 minutes suivant leur arrivée à l’hôpital.[4] Environ 20 % des patients victimes d’un AVC nécessitent ce type de traitement.[5] Cependant, une étude réalisée en 2017 dans 44 pays européens a révélé que seulement 7 % des patients ayant subi un AVC ont pu bénéficier d’une thrombolyse, un traitement pourtant vital dans certains cas. Le tableau ci-dessous présente les chiffres de 2022 pour la Belgique. En 2022, 2 323 patients victimes d’un accident vasculaire cérébral en Belgique ont reçu un traitement à base d’anticoagulants (thrombolyse). Cela représente 10 % du nombre total de patients victimes d’AVC, soit bien en-deçà du taux recommandé de 20 %.[6] |
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Nombre de thrombolyses par groupe d’âge en 2022
Thrombectomie
Lorsque la thrombolyse ne suffit pas en raison de la taille du caillot sanguin, il peut être décidé de retirer celui-ci par cathétérisme ou par thrombectomie. Environ 5 à 10 % des patients victimes d’un infarctus cérébral sont éligibles à ce type de traitement.
En 2022, 1 749 thrombectomies ont été réalisées dans les hôpitaux belges, ce qui représente 7 % du total des patients ayant subi un accident vasculaire cérébral cette année-là.
En 2022, un total de 139 patients ont été transférés vers un hôpital plus spécialisé pour un traitement complémentaire.
Nombre de thrombectomies par groupe d’âge en 2022
Convalescence et réadaptation
La nature et l’intensité des soins postopératoires varient en fonction de l’état du patient. Par exemple, après un traitement hospitalier, il peut être décidé d’orienter le patient vers un centre de réadaptation. Ce centre peut être rattaché à l’hôpital initial, plus proche du domicile du patient, ou spécialisé en fonction de ses besoins spécifiques.
En 2022, 1 465 patients ont été transférés vers un service agréé pour le traitement et la réadaptation des troubles neurologiques, tandis que 3 348 patients ont été dirigés vers d’autres services agréés de réadaptation.
[1] Source : SPF Santé publique (s.d.) Cellule technique. [Dataset].
[2] Michiels Dominik, Sun Ying, Thys Vincent, Saka Rasit Omer, Hemelsoet Dimitri, Eyssen Marijke, Paulus Dominique. Les unités neurovasculaires : efficacité, indicateurs de qualité et organisation. Health Services Research (HSR). Bruxelles Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE). 2012. Rapports KCE 181A. DOI : 10.57598/R181A.
[3] Cf. Avis prescrits à l’article 3quater de l’arrêté du Régent du 23 août 1948 réglant la procédure devant la section du contentieux administratif du Conseil d’État, publiés au Moniteur belge les 10 janvier 2023, 14 février 2023 et 12 avril 2023. Ceux-ci sont respectivement disponibles aux liens suivants :
http://www.ejustice.just.fgov.be/cgi/article.pl?language=fr&sum_date=2023-01-10&lg_txt=f&numac_search=2022043265
http://www.ejustice.just.fgov.be/cgi/article.pl?language=fr&sum_date=2023-02-14&lg_txt=f&numac_search=2023040505
https://www.ejustice.just.fgov.be/cgi/article.pl?language=fr&sum_date=2023-04-12&lg_txt=f&pd_search=2023-04-12&s_editie=&numac_search=2023040509&caller=&2023040509=&view_numac=2023040509N
[4] Source : Federatie Medisch Specialisten. (2019). Infarctus et hémorragie cérébrale. Consulté sur https://richtlijnendatabase.nl/
[5] Source : Vlaams Instituut voor Kwaliteit van Zorg. (2024). Thème : Soins de l’accident vasculaire cérébral Consulté sur https:// www.zorgkwaliteit.be/beroertezorg
[6] Ces chiffres peuvent sous-estimer la réalité en raison d’un sous-enregistrement des traitements.