La sécurité des soins peut se définir comme la capacité à dispenser des soins de santé qui ne nuisent pas au patient. Quatre types d’indicateurs sont utilisés pour évaluer la sécurité des soins dans le présent rapport :
- les infections nosocomiales (QS-1, QS-2, QS-7, QS-8)
- les complications après chirurgie (QS-3, QS-4)
- les complications liées aux soins infirmiers (QS-5)
- la polymédication chez les personnes âgées (QS-6)
(1) Excepté le Danemark et la Suède, (2) OECD Health at a Glance 2017, (3) La Belgique occupe une position intermédiaire parmi les pays de l’UE-15 pour un indicateur similaire (voir fiche technique en annexe du rapport pour plus de détails), *Cet indicateur sera actualisé sur le site lorsque les derniers résultats seront disponibles, (a) Indicateurs de sécurité du patient sur la base des données RHM.
Certains indicateurs analysés dans d’autres sections de ce rapport peuvent également être interprétés en termes de sécurité des soins :
- Parmi les indicateurs d’adéquation des soins, les indicateurs sur la consommation d’antibiotiques (QA-3 à QA-5) et sur l’utilisation inappropriée de l’imagerie médicale (QA-6). En effet, ces deux formes d’utilisation inadéquate des soins peuvent avoir des retombées en termes de sécurité du patient.
- Parmi les indicateurs de soins aux personnes âgées, en particulier des soins en MRS, l’incidence des escarres (ELD-8) et la prévalence de portage du MRSA (ELD-9), les prescriptions inappropriées de neuroleptiques et de médicaments à effets anticholinergiques (ELD-10 à ELD-12).
Infections contractées à l’hôpital (QS-1, QS-2, QS-7, QS-8)
Les infections contractées lors d’un séjour à l’hôpital (infections nosocomiales) sont un sujet de préoccupation croissante dans le contexte actuel de montée de la résistance aux antibiotiques. Elles représentent une menace sérieuse pour la sécurité des patients, car elles peuvent mener à des complications sévères, voire au décès. C’est aussi une charge financière considérable pour la collectivité en raison de l’allongement des durées d’hospitalisations et des coûts des traitements qu’elles entraînent.
Les infections dues à des staphylocoques résistants à la méthicilline (MRSA) ou aux bactéries intestinales à Gram négatif (Escherichia coli) multi-résistantes font l’objet d’une surveillance obligatoire par les hôpitaux car elles sont les principaux indicateurs de la résistance aux antibiotiques des bactéries humaines. Les résultats de ces surveillances sont centralisés par une cellule spécifique au sein de Sciensano (anciennement Institut scientifique de Santé Publique). La surveillance des MRSA est l’un des éléments de mesure de l’efficacité des programmes de prévention et de contrôle des infections (notamment l'hygiène des mains).
Dans ce rapport, nous avons retenu quatre indicateurs permettant de cerner le problème des infections nosocomiales :
-
La proportion de patients hospitalisés contractant une infection nosocomiale (QS-1)
-
L’incidence des infections hospitalières dues à des staphylocoques résistants à la méthicilline (MRSA) par rapport à la totalité des infections à staphylocoques dorés (QS-2)
-
La proportion d’infections hospitalières dues à des staphylocoques résistants à la méthicilline (MRSA) (QS-3)
-
La proportion d’infections hospitalières dues à des E.coli résistants aux céphalosporines de 3e et 4e générations. Les céphalosporines de 3e génération sont des antibiotiques à large spectre souvent utilisés et celles de 4e génération sont efficaces pour lutter contre certaines entérobactéries résistantes à celles de 3e génération (QS-8)
RÉSULTATS
Proportion de patients hospitalisés contractant une infection nosocomiale (QS-1)
- En 2017, le nombre de patients présentant au moins une infection nosocomiale un jour donné a été estimé à 7,3 % des personnes hospitalisées. Ce chiffre est stable par rapport aux résultats de 2011 (7,1 %), mais reste supérieur à la moyenne de l'UE-15 (6,4 %). (Figure 1)
- Les trois infections nosocomiales les plus fréquemment diagnostiquées sont les pneumonies (22 %), les infections des voies urinaires (21 %) et les infections de site opératoire (17 %).
- Les trois bactéries les plus fréquemment signalées sont Escherichia coli (18 %), Staphylococcus aureus (9 %) et Pseudomonas aeruginosa (5 %).
Source: Suetens et al., 2018

Lien vers fiche technique et résultats détaillés
Incidence des infections hospitalières à MRSA (QS-2)
- Depuis 2005,) l’incidence des infections hospitalières à MRSA diminue lentement (Figure 2).
- Cette amélioration peut être en partie attribuée aux recommandations émises en 2003 et aux campagnes nationales d'hygiène des mains. La vigilance reste cependant de mise vis-à-vis des infections à MRSA même si la lutte contre l'émergence de nouveaux micro-organismes multirésistants mobilise une grande partie de l’attention.
Source: Latour et al., 2018
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Proportion d’infections hospitalières dues à des MRSA (QS-7)
- En 2016, 15,0 % des staphylocoques dorés étaient résistants à la méthicilline (MRSA) dans les hôpitaux belges, avec des chiffres significativement plus élevés en Wallonie (21,2 %) par rapport à la Flandre (10,9 %) et à Bruxelles (10,3 %). Ces chiffres sont globalement en diminution depuis 2004.
- À l’échelle internationale (données EARS-Net), la Belgique occupe une position intermédiaire dans les pays de l'UE-15.
Source: Latour et al., 2018
Proportion d’infections hospitalières dues à des E.coli résistants aux céphalosporines de 3e et 4e générations (QS-8)
- En 2016, la proportion d'E. Coli résistants aux céphalosporines de 3e et 4e générations était de 9,1 % dans les hôpitaux belges (médiane). On n’observe aucune différence statistiquement significative entre les régions. Ces chiffres sont en augmentation: de 8,1 % en 2014 à 9,8 % en moyenne en 2016.
Source: EARS-net annual report 2017

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Complications après chirurgie (QS-3 et QS-4)
Toute intervention chirurgicale comporte des risques, qu’il est impossible d’éviter à 100 %. Néanmoins, dans tous les hôpitaux, des mesures de prévention sont mises en place pour diminuer autant que possible la survenue de complications. Les deux indicateurs de cette section permettent de mesurer l’efficacité de ces mesures de sécurité au niveau de l’ensemble des hôpitaux.
Le premier de ces indicateurs porte sur les embolies pulmonaires ou les thromboses veineuses profondes après placement d’une prothèse de hanche ou de genou. Les mesures mises en place contre ces complications sont notamment l’administration d’anticoagulants pendant les semaines qui suivent la chirurgie, la mobilisation précoce des patients opérés, le port de bas compressifs, etc.
Le second indicateur porte sur les septicémies post-opératoires, qui peuvent être gravissimes. Elles peuvent être prévenues par l'administration d'antibiotiques prophylactiques, la stérilité des techniques chirurgicales et les soins postopératoires.
Toutes ces complications font (idéalement) l’objet de notifications dans les données hospitalières (Résumé Hospitaliers Minimum ou RHM), ce qui permet de les compiler dans les indicateurs de sécurité de l’OCDE (OECD Health Quality of Care Indicators (HCQI)) et donc d’établir des comparaisons internationales.
RÉSULTATS
- L'incidence des embolies pulmonaires et des thromboses veineuses profondes après une chirurgie de la hanche ou du genou a légèrement diminué entre 2009 et 2014.
- L’incidence des septicémies post-opératoires a quant à elle fortement diminué pendant la même période.
- En comparaison avec les autres pays européens, la Belgique obtient de bons résultats, mais cela pourrait être dû à de grandes différences dans les pratiques de codage entre les pays – et notamment à un signalement plus exhaustif des complications dans certains pays.
Source de données: RHM
Source de données: RHM
Source de données: Statistiques de l'OCDE sur la santé 2018

Source de données: Statistiques de l'OCDE sur la santé 2018

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Complications en cours d’hospitalisation – soins infirmiers (QS-5)
Les escarres (ulcères cutanés survenant aux points de pression chez les personnes longuement alitées) sont un exemple de complications pour lesquelles il existe des mesures de prévention relevant des soins infirmiers. Ils sont classés en 4 catégories (I à IV) de gravité croissante.
Mesurer la prévalence des escarres dans différents services hospitaliers permet d’identifier les services ou groupes à risque et de mettre en place des actions préventives ciblées. Une enquête nationale organisée en 2012 par le Conseil fédéral pour la Qualité de l'Activité infirmière (CFQAI) a permis de collecter différents indicateurs dans 70 hôpitaux généraux. Ce rapport est la source de données la plus récente pour cet indicateur ; il sera mis à jour dès que de nouveaux résultats seront disponibles.
RÉSULTATS
- En 2012, 7,8 % des patients hospitalisés dans des hôpitaux généraux présentaient des escarres de cat I à IV (5,1 % si on ne comptabilise que les catégories II à IV).
- Ces chiffres étaient en légère diminution depuis la précédente enquête nationale (2008), dont la méthodologie était un peu différente. Il est donc difficile de comparer ces résultats.
- La comparaison des données belges avec d'autres pays européens reste également difficile en raison des différences dans les définitions employées, les méthodes de collecte des données et la population de patients. Compte tenu de ces limitations, la Belgique présente le taux de prévalence des escarres le plus faible parmi les enquêtes organisées en France, en Allemagne, en Italie, en Suède et aux Pays-Bas.
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Polymédication chez les personnes âgées (65+) (QS-6)
De nombreuses personnes âgées prennent beaucoup de médicaments différents, surtout lorsqu’elles sont atteintes de maladies chroniques. Or, plus on prend de médicaments, plus on augmente le risque d'effets indésirables, d'interactions médicamenteuses, de non-observance, de dégradation de l'état fonctionnel et d’aggravation de la fragilité des personnes très âgées. Il faut donc trouver un juste milieu entre une prise raisonnable de médicaments et une « polymédication ».
Il n’existe pas de limite clairement définie au-dessus de laquelle le nombre de médicaments serait considéré comme excessif, mais de plus en plus d’études se penchent sur cette question. Il existe une liste de critères appelée STOPP/START qui permet aux médecins généralistes et aux gériatres de détecter des prescriptions potentiellement inappropriées ou superflues.
Dans cette section, la polymédication est définie comme la prise d’au moins 5 médicaments différents/jour.
RÉSULTATS
- 39 % de la population de plus de 65 ans a utilisé au moins 5 médicaments différents (à raison de plus de 80 DDD = usage chronique) au cours de l’année écoulée (chiffres 2016). Cette polymédication est plus fréquente en Wallonie (44 %) qu'à Bruxelles (35 %) et en Flandre (37 %) (Figure 9).
- C’est chez les « personnes très âgées » (85 ans et plus) que cette polymédication est la plus fréquente, ce qui nécessite une attention particulière étant donné que ces personnes présentent un risque accru d’effets indésirables, notamment en raison d’une baisse de leurs fonctions rénale et hépatique.
- Plus de 90 % des personnes de plus de 65 ans concernées par la polymédication prennent des médicaments pour le système cardiovasculaire.
- La Belgique occupe la quatrième place en termes de polymédication chez les personnes de plus de 65 ans parmi les 18 pays ayant participé à l'étude SHARE 2015 (Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe) (Figure 10).
Source de données: Pharmanet (RIZIV - INAMI)

Source de données: SHARE 2015
