En Belgique, en 2018, on observait de fortes inégalités socio-économiques dans de nombreux déterminants de la santé.
Les personnes ayant un niveau d'instruction faible étaient trois fois plus susceptibles d'être des fumeurs quotidiens et deux fois plus susceptibles d'être obèses ou de consommer quotidiennement des boissons sucrées que les personnes ayant un niveau d’instruction élevé.
Les personnes ayant un niveau d'instruction faible étaient également deux fois moins susceptibles d'avoir une consommation suffisante de fruits/légumes ou de pratiquer suffisamment d'activité physique que les personnes avec un niveau d’instruction élevé.
Entre 1997 et 2018, les inégalités en matière de tabagisme quotidien ont augmenté, alors qu'aucune tendance claire n'a été observée pour les inégalités concernant les autres déterminants de santé étudiés.
2.Introduction
Les inégalités socio-économiques de santé (SE) désignent les disparités systématiques en matière de santé entre les groupes SE, le plus souvent en défaveur des groupes sociaux situés au bas de l'échelle sociale. Les inégalités SE de santé ont été observées de manière constante dans les sociétés industrialisées pour l'ensemble des thèmes de santé, allant des déterminants de la santé à la mortalité [1;2]. La lutte contre les inégalités de santé est une priorité pour l'OMS [3], l'Union européenne [4] et la Belgique [5-7]. Afin d'évaluer les progrès réalisés dans la réduction des inégalités de santé, il est important de les mesurer et de les surveiller [8,9].
Les inégalités dans les déterminants de la santé ont été calculées à partir des données des enquêtes de santé 1997-2018. Plus d'informations sur la méthodologie peuvent être trouvées dans cette annexe. Les déterminants de santé choisis étaient le tabagisme quotidien, l'obésité, la pratique d'au moins 150 min d'activité physique modérée à intense par semaine, la consommation quotidienne d'au moins 5 portions de fruits et légumes et la consommation quotidienne de boissons sucrées. Le niveau d’instruction, regroupé en trois catégories, a été choisi comme marqueur de la position socio-économique pour examiner les inégalités.
Outre les taux de prévalence par niveau SE, nous avons également calculé l'ampleur des inégalités en calculant trois indices d'inégalité :
la différence absolue et relative des taux ajustés pour l'âge entre le niveau d’instruction le plus faible et le plus élevé ;
la fraction attribuable dans la population (FAP), c'est-à-dire le pourcentage de gain en santé (ou en prévalence d’un déterminant de santé) attendu dans l'ensemble de la population si chaque groupe SE atteignait le niveau de santé (ou du déterminant de santé) du groupe le plus instruit.
3.Résultats
Situation en 2018
Le tabagisme quotidien présente de très grandes inégalités. Alors que les fumeurs quotidiens représentaient 27,5 % du groupe à faible niveau d'instruction en 2018, ils n'étaient que 9,4 % dans le groupe à haut niveau d'instruction. Cela représentait une différence absolue de 18,1 points de pourcentage (ppt), et un risque relatif de près de 3, ce qui signifie que les personnes ayant un faible niveau d'instruction étaient trois fois plus susceptibles de fumer quotidiennement que les personnes ayant un niveau d'instruction élevé. Si chaque groupe avait le même niveau de tabagisme que les personnes très instruites, la prévalence du tabagisme diminuerait de 37,5 % dans la population.
La différence absolue dans la prévalence de l’obésité entre le groupe avec le niveau d'instruction faible et le groupe avec le niveau d'instruction élevé était de 10 ppt, les personnes de faible niveau d'instruction étant 1,8 fois plus susceptibles d'être obèses que les personnes avec un niveau d'instruction élevé. La prévalence de l'obésité dans l'ensemble de la population diminuerait de 22,7 % si chaque groupe avait le même pourcentage d'obésité que le groupe à niveau d'instruction élevé.
L'activité physique présente également de très grandes inégalités ; comme il s'agit d'un indicateur positif pour lequel nous aspirons à une prévalence plus élevée, les valeurs des indices d'inégalité sont inversées, c'est-à-dire que les inégalités absolues présentent des valeurs inférieures à zéro et les inégalités relatives des valeurs inférieures à un. En 2018, 38,5 % des personnes ayant un niveau d'instruction élevé pratiquaient au moins 150 min d'activité physique aérobie modérée à vigoureuse par semaine, contre 18,8 % dans le groupe avec un niveau d’instruction faible, soit une différence absolue de 19,7 ppt. Les personnes ayant un faible niveau d'instruction étaient deux fois moins susceptibles de pratiquer une activité physique que les personnes ayant un niveau d'instruction élevé. Amener la pratique de l'activité physique de tous les groupes au niveau du groupe le plus instruit augmenterait la pratique de l'activité physique de 23,9 % au niveau de la population.
D’importantes inégalités ont également été observées en matière de nutrition. Deux fois plus de personnes atteignent les recommandations de consommation de fruits et de légumes (5 portions de fruits/légumes par jour) parmi les personnes ayant un niveau d'instruction élevé que parmi celles ayant un niveau d'instruction faible, ce qui correspond à une différence absolue de 8,4 points. Amener la consommation de fruits/légumes de tous les niveaux d’instruction à celle des personnes ayant un niveau d'instruction élevé augmenterait la consommation de fruits/légumes de l'ensemble de la population de 33,5 %. Les personnes ayant un faible niveau d'instruction étaient deux fois plus susceptibles de consommer quotidiennement des boissons sucrées que les personnes ayant un niveau d'instruction élevé, la différence absolue entre les deux groupes étant de 15,4 ppt. Si les personnes de tous les niveaux d’instruction réduisaient leur consommation de boissons sucrées au niveau du groupe d’instruction le plus élevé, le niveau de consommation global de boissons sucrées diminuerait de 31,5 %.
Il convient de noter que la consommation d'alcool ne présente pas la même distribution SE que la plupart des déterminants de la santé. Le profil SE de la consommation excessive d'alcool n'est pas concluant.
Inégalités socio-économiques dans les déterminants de santé sélectionnés, Belgique, 2018. Source : Calculs des auteurs basés sur l'enquête de santé par interview [10] * statistiquement différent de 0% pour la différence absolue et le FAP et statistiquement différent de 1 pour la différence relative (p<0,05)
Prévalence ajusté pour l'âge, Niveau d'instruction faible
Prévalence ajusté pour l'âge, Niveau d'instruction élevé
Différence absolue
Différence relative
FAP
Tabagisme quotidien (% de personnes ≥ 15 ans)
27,5%
9,4%
18,1%*
2,9*
37,5%*
Obésité (% de personnes ≥ 18 ans, IMC ≥ 30)
22,0%
12,0%
10,0%*
1,8*
22,7%*
Au moins 150 min d'activité physique par semaine (%de personnes ≥ 18 ans)
18,8%
38,5%
-19,7%*
0,5*
-23,9%*
Consommation quotidienne de 5 portions de fruits et légumes (%de personnes ≥ 6 ans)
8,2%
16,6%
-8,4%*
0,5*
-33,5%*
Consommation quotidienne de boissons sucrées (% de personnes de tous âges)
29,3%
13,9%
15,4%*
2,1*
31,5%*
Evolution
La prévalence du tabagisme quotidien ajustée pour l'âge a diminué entre 1997 et 2018, mais presque exclusivement en raison d'une forte diminution chez les personnes ayant un niveau d'instruction élevé, avec peu de changements dans les autres niveaux d'instruction. Par conséquent, les inégalités ont clairement augmenté au fil du temps selon les trois indices d'inégalité (absolu, relatif et FAP).
La prévalence de l'obésité ajustée pour l'âge a augmenté entre 1997 et 2018 dans tous les niveaux d’instruction. Une légère augmentation non significative de la différence absolue a été observée, sans tendance notable en matière d'inégalité relative. La FAP a diminué, car la part des personnes appartenant au niveau d’instruction faible (et présentant une prévalence élevée) a diminué.
La consommation quotidienne de boissons sucrées a diminué entre 2013 et 2018 pour tous les groupes. Nous observons une légère diminution non significative de la différence absolue ; la différence relative et la FAP sont en revanche restés constants.
Les indicateurs utilisés pour évaluer l'activité physique et la consommation de fruits et légumes dans l’enquête de santé 2018 étaient de nouveaux indicateurs, et aucune tendance ne peut donc être décrite.
Tabagisme quotidien
Obésité
Boissons sucrées
Différence absolue
Différence relative
FAP
Prévalence du tabagisme quotidien chez les personnes âgées de 15 ans et plus, par niveau d'instruction, Belgique, 1997-2018 Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Prévalence de l'obésité chez les personnes âgées de 18 ans et plus, par niveau d'instruction, Belgique, 1997-2018 Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Proportion de la population qui consomme quotidiennement des boissons sucrées, par niveau d'instruction, Belgique, 2013-2018 Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Inégalités absolues entre les niveaux d’instruction faibles et les niveaux d’instruction élevés dans les indicateurs des déterminants de la santé, Belgique, 1997-2018 Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Inégalités relatives entre les niveaux d’instruction faibles et les niveaux d’instruction élevés dans les indicateurs des déterminants de la santé, Belgique, 1997-2018 Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
FAP dans les indicateurs des déterminants de la santé, Belgique, 1997-2018 Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Le point de pourcentage (ppt) est la différence arithmétique entre deux pourcentages, par exemple avec 16% dans le groupe A et 8% dans le groupe B, la différence est de 8 ppt, ce qui correspond à un excès relatif de 100%.
Références
Mackenbach J. Health inequalities: Europe in profile. Expert Report commissioned by the EU. Department of Health Publications; 2006.
Feinstein JS. The relationship between socioeconomic status and health : A review of the literature. The Milkbank Quarterly. 1993
WHO Commission on Social Determinants on Health. Closing the gap in a generation: health equity through action on the social determinants of health. Geneva: WHO; 2008.
Executive Agency for Health and Consumer. Second Programme of Community Action in the Field of Health 2008-2013. European Commission; 2007.
Vlaamse overheid. Vlaamse Actieplan Geestelijke Gezondheid, Strategisch plan 2017-2019. 2017.
Gouvernement wallon. Plan prévention et promotion de la santé en Wallonie. Partie 1: définition des priorités en santé. Namur; 2017.
La prévalence des troubles anxieux et dépressifs et des pensées suicidaires diffère selon le groupe socio-économique : on observe une prévalence de ces troubles plus élevée parmi les personnes de niveau socio-économique défavorisé que parmi celles d’un niveau plus favorisé.
En 2018, les inégalités socio-économiques pour les problèmes de santé mentale étaient plus importantes que pour les problèmes de santé physiques, avec des différences relatives autour de 2.
Si l'on regarde l'évolution, les inégalités absolues dans les troubles anxieux et dépressifs ont fortement augmenté entre 2008 et 2013, et sont restées stables à un niveau plus élevé entre 2013 et 2018, ce qui est une évolution décevante. Entre 2013 et 2018, les inégalités relatives en matière de troubles dépressifs se sont aussi aggravées.
2.Introduction
Les inégalités socio-économiques de santé (SE) désignent les disparités systématiques en matière de santé entre les groupes SE, le plus souvent en défaveur des groupes sociaux situés au bas de l'échelle sociale. Les inégalités SE de santé ont été observées de manière constante dans les sociétés industrialisées pour l'ensemble des thèmes de santé, allant des déterminants de la santé à la mortalité [1;2]. La lutte contre les inégalités de santé est une priorité pour l'OMS [3], l'Union européenne [4] et la Belgique [5-7]. Afin d'évaluer les progrès réalisés dans la réduction des inégalités de santé, il est important de les mesurer et de les surveiller [8,9].
Les inégalités en matière de santé mentale (SM) ont été calculées à partir des données des enquêtes de santé par interview 1997-2018. Les détails méthodologiques sont donnés dans cette annexe. Les inégalités sont décrites pour trois indicateurs : la prévalence des troubles dépressifs (basée sur l'échelle PHQ-9) et des troubles anxieux (basée sur l'échelle GAD-7) au cours des deux dernières semaines, ces indicateurs ont été choisis en raison de leur fréquence élevée ; la prévalence des pensées suicidaires au cours des douze derniers mois a également été choisie car elle indique une détresse mentale sévère, et le taux de suicide est assez élevé en Belgique. Le niveau d'instruction (en trois niveaux) a été choisi comme marqueur de la position socio-économique pour examiner les inégalités.
Outre les taux de prévalence par niveau SE, nous avons également calculé l'ampleur des inégalités en calculant trois indices d'inégalité :
la différence absolue et relative des taux ajustés pour l'âge entre le niveau d’instruction le plus faible et le plus élevé ;
la Fraction attribuable dans la population (FAP), c'est-à-dire le pourcentage de gain en santé attendu dans l'ensemble de la population si chaque groupe SE atteignait le niveau de santé du groupe le plus instruit.
3.Résultats
Situation en 2018
En 2018, les inégalités absolues dans les troubles de santé mentale étaient plus importantes que pour les affections physiques, allant de 9,8 points de pourcentage (ppt) pour les troubles dépressifs à 3,5 ppt pour les pensées suicidaires.
Les inégalités relatives dans les troubles de santé mentale étaient particulièrement élevées. Le groupe de niveau d’instruction le plus bas comprenait 2,5 fois plus de personnes souffrant de troubles dépressifs, 2,0 fois plus de personnes ayant des pensées suicidaires et 1,8 fois plus de personnes souffrant de troubles anxieux que le groupe de niveau d’instruction le plus élevé. Si tous les groupes comptaient la même proportion de personnes souffrant de troubles mentaux que le groupe d’instruction le plus élevé, la prévalence des troubles dépressifs dans l'ensemble de la population serait réduite de 30 %, celle des troubles anxieux de 24 % et celle des pensées suicidaires de 20 %.
Inégalités socio-économiques dans les troubles de santé mentale, population âgée de 15 ans et plus, enquête de santé par interview, Belgique, 2018. Source : Calculs des auteurs basés sur l'enquête de santé par interview [10] * statistiquement différent de 0% pour la différence absolue et le FAP et statistiquement différent de 1 pour la différence relative (p<0,05)
Prévalence ajusté pour l'âge, Niveau d'instruction faible
Prévalence ajusté pour l'âge, Niveau d'instruction élevé
Différence absolue
Différence relative
FAP
Troubles dépressifs au cours des deux dernières semaines (% de personnes ≥ 15)
16,2%
6,4%
9,8%*
2,5*
30,2%*
Troubles anxieux au cours des deux dernières semaines (% de personnes ≥ 15)
15,3%
8,4%
6,9%*
1,8*
23,8%*
Pensées suicidaires au cours des douze derniers mois (% de personnes ≥ 18)
6,9%
3,4%
3,5%*
2,0*
19,9%*
Evolution
Evolution en matière de troubles anxieux :
la prévalence ajustée pour l'âge a augmenté dans tous les niveaux d’instructions entre 2008 et 2018 ;
les inégalités absolues ont augmenté entre 2008 et 2013 puis sont restées stables ;
les inégalités relatives ont légèrement et non significativement diminué entre 2004 et 2018.
En conclusion, il n'y a pas d'aggravation des inégalités liées aux troubles anxieux au cours des 5 dernières années. L'évolution n'est cependant pas satisfaisante, car une diminution des inégalités absolues serait un progrès minimal attendu.
Evolution des troubles dépressifs :
la prévalence ajustée pour l'âge a augmenté dans tous les niveaux d’instruction entre 2004 et 2013, puis a diminué en 2018 ;
les inégalités absolues ont augmenté entre 2008 et 2013 puis sont restées stables ;
les inégalités relatives ont diminué entre 2004 et 2013 puis augmenté en 2018. Cela peut être attribué à une diminution proportionnelle de la prévalence des troubles dépressifs plus faible dans les niveaux d’instruction bas que dans les niveaux d’instruction haut.
En conclusion, alors que la prévalence des troubles dépressifs s'est améliorée dans tous les niveaux d’instruction au cours des 5 dernières années, l'évolution des inégalités est décevante : les inégalités absolues n'ont pas diminué (ce qui serait l'amélioration minimale visée, et correspondrait à une diminution plus importante des troubles dépressifs chez les personnes les moins favorisées que chez les plus favorisées), et les inégalités relatives ont même augmenté.
La prévalence ajustée pour l'âge des pensées suicidaires a augmenté dans tous les niveaux d’instruction entre 2008 et 2018. Les inégalités en matière de pensées suicidaires ne présentent pas de tendances notables.
Si l'on examine les inégalités au niveau de la population, la fraction attribuable à la population (FAP) tend à diminuer depuis 2004 pour tous les indicateurs, ce qui est en partie dû à un changement dans la composition de la population, le groupe le moins instruits représentant une part décroissante de la population au fil du temps. Au cours des cinq dernières années, elle est toutefois restée stable pour les troubles dépressifs, le changement dans la composition de la population ayant été compensé par une augmentation des inégalités relatives.
Troubles anxieux
Troubles dépressifs
Pensées suicidaires
Prévalence des troubles anxieux au cours des deux dernières semaines (sur base de l'échelle GAD-7) chez les personnes âgées de 15 ans et plus selon le niveau d'instruction, 1997-2018, Belgique Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Prévalence des troubles dépressifs au cours des deux dernières semaines (sur base de l'échelle PHQ-9) chez les personnes âgées de 15 ans et plus selon le niveau d'instruction, 1997-2018, Belgique Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Prévalence des pensées suicidaires au cours des douze derniers mois chez les personnes âgées de 18 ans et plus selon le niveau d'instruction, 2008-2018, Belgique. Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Différence absolue
Différence relative
FAP
Différences absolues dans les troubles anxieux et dépressifs entre les groupes de niveau d’instruction faible et élevé, Belgique, 1997-2018 Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Différences relatives dans les troubles anxieux et dépressifs entre les groupes de niveau d’instruction faible et élevé, Belgique, 1997-2018 Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
FAP des troubles anxieux et dépressifs, Belgique, 1997-2018 Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Le point de pourcentage (ppt) est la différence arithmétique entre deux pourcentages, par exemple avec 16 % dans le groupe A et 8 % dans le groupe B, la différence est de 8 ppt, ce qui correspond à un excès relatif de 100 %.
Références
Mackenbach J. Health inequalities: Europe in profile. Expert Report commissioned by the EU. Department of Health Publications; 2006.
Feinstein JS. The relationship between socioeconomic status and health : A review of the literature. The Milkbank Quarterly. 1993
WHO Commission on Social Determinants on Health. Closing the gap in a generation: health equity through action on the social determinants of health. Geneva: WHO; 2008.
Executive Agency for Health and Consumer. Second Programme of Community Action in the Field of Health 2008-2013. European Commission; 2007.
Vlaamse overheid. Vlaamse Actieplan Geestelijke Gezondheid, Strategisch plan 2017-2019. 2017.
Gouvernement wallon. Plan prévention et promotion de la santé en Wallonie. Partie 1: définition des priorités en santé. Namur; 2017.
En 2018, comme lors des précédentes vagues de l’enquête de santé, on observe des inégalités socio-économiques dans le fait d’être atteint de maladie non transmissible. Le pourcentage de personnes ayant déclaré souffrir d'une maladie ou d'une affection chronique est le plus élevé chez les personnes de niveau socio-économique défavorisé, et ce pourcentage diminue lorsque le niveau socio-économique augmente. Pour cet indicateur général, les inégalités socio-économiques sont faibles (après ajustement pour l’âge).
Par contre, les inégalités liées à la coexistence simultanée de plusieurs maladies (multimorbidité) étaient beaucoup plus importantes, ce qui signifie que les personnes les plus défavorisées sur le plan socio-économique sont plus enclines à cumuler des problèmes de santé.
En 2018, des inégalités ont également été observées pour de nombreuses conditions chroniques spécifiques, notamment l'arthrose, l'hypertension artérielle, l'incontinence urinaire (chez les personnes de 65 ans et plus), les maux de tête sérieux-migraine, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) (chez les personnes de 65 ans et plus), le diabète, l'asthme et l'infarctus aigu du myocarde (IAM) chez les personnes de 65 ans et plus.
Au fil du temps, les inégalités dans le pourcentage de personnes rapportant une ou plusieurs maladies chroniques ont fluctué. Ces inégalités ont diminué en 2018 par rapport à 2013.
Pour la plupart des pathologies spécifiques également, les inégalités n'ont pas augmenté entre 2013 et 2018, voire ont eu tendance à légèrement diminuer en 2018. Pour le diabète et la BPCO, les inégalités ont légèrement diminué depuis 2008 ; pour l'asthme, une diminution a été observée jusque 2013.
2.Introduction
Les inégalités socio-économiques de santé (SE) désignent les disparités systématiques en matière de santé entre les groupes SE, le plus souvent en défaveur des groupes sociaux situés au bas de l'échelle sociale. Les inégalités SE de santé ont été observées de manière constante dans les sociétés industrialisées pour l'ensemble des thèmes de santé, allant des déterminants de la santé à la mortalité [1;2]. La lutte contre les inégalités de santé est une priorité pour l'OMS [3], l'Union européenne [4] et la Belgique [5-7]. Afin d'évaluer les progrès réalisés dans la réduction des inégalités de santé, il est important de les mesurer et de les surveiller [8,9].
Les inégalités dans les maladies non transmissibles (MNT) ont été calculées à partir des données des enquêtes de santé belges 1997-2018. Le niveau d'instruction (en trois catégories : faible, moyen, élevé) a été choisi comme marqueur de la position socio-économique pour examiner les inégalités. Les détails méthodologiques sont disponibles dans cette annexe. Outre les taux de prévalence par niveau SE, nous avons également calculé l'ampleur des inégalités en calculant trois indices d'inégalité :
la différence absolue, qui est la différence entre les taux de prévalence ajustés pour l'âge entre les niveaux d’instruction le plus faible et le plus élevé ;
la différence relative, qui est le rapport entre les taux de prévalence ajustés pour l'âge entre les niveaux d’instruction le plus faible et le plus élevé ;
la fraction attribuable dans la population (FAP), c'est-à-dire le pourcentage de gain en santé (ou en prévalence d’un déterminant de santé) attendu dans l'ensemble de la population si chaque groupe SE atteignait le niveau de santé (ou du déterminant de santé) du groupe le plus instruit.
3.Résultats
Situation en 2018
On observe des inégalités SE limitées dans le pourcentage de personnes déclarant souffrir d’une maladie chronique : une maladie chronique a été rapportée par 31 % des personnes de niveau d’instruction bas contre 27 % des personnes de niveau d’instruction élevé (après ajustement pour l'âge), entraînant une différence de taux de 3,9 points de pourcentage (ppt) et un ratio des taux de 1,1. Cependant, les inégalités sont plus importantes si l'on tient compte de la coexistence de plusieurs maladies chroniques (multimorbidité), avec une différence de taux atteignant 5,7 ppt et un ratio des taux de 1,4 (ce qui signifie un excès de 40 % de multimorbidité chez les personnes du niveau d’instruction le plus bas par rapport aux personnes du niveau d’instruction le plus élevé).
Si l'on considère chaque pathologie séparément, on observe des inégalités SE pour de nombreuses pathologies. C'est le cas pour l'arthrose, l'hypertension artérielle (chez les personnes de 65 ans et plus), les maux de tête sérieux-migraine, la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) chez les personnes de 65 ans et plus, l'incontinence urinaire chez les personnes de 65 ans et plus, le diabète, l'asthme, l'infarctus aigu du myocarde (IAM) chez les personnes de 65 ans et plus.
Les inégalités absolues (différences de taux) étaient modérées, allant de 1,4 ppt pour l’infarctus aigu du myocarde (IAM) (chez les 65+) à 6,6 ppt pour l'incontinence urinaire (chez les 65+).
Les inégalités relatives étaient :
importantes pour l'IAM (chez les 65+) et la BPCO (chez les 65+), avec respectivement 2,0 et 1,9 fois plus de personnes souffrant d'IAM (65+) et de BPCO (65+) dans le groupe à faible niveau d’instruction que dans le groupe à niveau d’instruction élevé ;
modérées (entre 1,4 et 1,6) pour l'incontinence urinaire (65+), les maux de tête sérieux-migraine, le diabète et l'asthme ;
faibles (entre 1,1 et 1,3) pour l'arthrose et l'hypertension artérielle.
Si tous les groupes avaient la même prévalence, pour chacune des maladies considérées, que celle du groupe d’instruction élevée, les prévalences dans l'ensemble de la population de l'IAM (65+), de la BPCO (65+), de l'incontinence urinaire (65+) et du diabète seraient réduites respectivement de 37,8 %, 28,6 %, 21,5% et 20,3 % (fraction attribuable dans la population).
Inégalités socio-économiques pour certaines maladies non transmissibles, population âgée de 15 ans et plus, enquête de santé par interview, Belgique, 2018. Source : Calculs des auteurs basés sur l'enquête de santé par interview [10] * statistiquement différent de 0% pour la différence absolue et le FAP et statistiquement différent de 1 pour la différence relative (p<0,05)
Prévalence ajusté pour l'âge, Niveau d'instruction faible
Prévalence ajusté pour l'âge, Niveau d'instruction élevé
% des plus de 65 ans déclarant souffrir d'incontinence urinaire
17,5%
10,9%
6,6%*
1,6*
21,5%*
% déclarant souffrir de maux de tête sérieux-migraine
12,1%
8,8%
3,3%*
1,4*
13,3%*
% des plus de 65 ans déclarant souffrir de BPCO
11,1%
5,8%
5,4%*
1,9*
28,6%*
% déclarant souffrir de diabète
7,5%
4,7%
2,9%*
1,6*
20,3%*
% déclarant souffrir d'asthme
7,2%
4,8%
2,4%*
1,5*
16,8%*
% des plus de 65 ans déclarant un infarctus du myocarde
2,8%
1,4%
1,4%
2,0
37,8%
Evolution
Le pourcentage de personnes rapportant une ou plusieurs maladies chroniques (multimorbidité) a augmenté depuis la première estimation dans la HIS (2001), et ce même après ajustement pour l’âge. La prévalence de nombreuses maladies spécifique a également augmenté (par contre, elle a diminué pour la BPCO). L’évolution de ces pourcentages diffère en fonction du niveau SE et par pathologie, de sorte que l'évolution des inégalités SE varie selon les pathologies.
En ce qui concerne le pourcentage de personnes rapportant une maladie chronique, les inégalités (mesurées par les trois indices d'inégalité) avaient fortement augmenté de 2001 à 2013, atteignant en 2013 un niveau élevé d'inégalité absolue (10 ppt). Au cours de la dernière période (2013 à 2018), les inégalités liées à la déclaration d'une maladie chronique, mesurées à l'aide des trois indices d'inégalité, ont diminué.
Pour la multimorbidité, une diminution des inégalités a été observée en 2013 et plus encore en 2018 par rapport à 2004 avec les trois indices d'inégalité.
En ce qui concerne l'évolution de la prévalence et des inégalités par condition spécifique, nous observons que :
les indicateurs d'inégalités pour l'incontinence urinaire (65+), l'AMI (65+), l'hypertension artérielle et l'arthrose ne présentent pas de tendances notables ;
la prévalence des maux de tête sérieux-migraine (ajustée pour l'âge) était stable entre 2004-2013 et a augmenté en 2018. La différence absolue des taux de prévalence entre le niveau d’instruction le plus bas et le plus élevés a significativement diminué entre 2001 et 2008, puis a augmenté en 2013 et 2018 (augmentation non significative), avec une même évolution observée pour les inégalités relatives (statistiquement non significative). Une augmentation (non-significative) des inégalités est donc observée pour la migraine sur la dernière période ;
la prévalence (ajustée pour l'âge) de la BPCO (65+) a diminué entre 2001 et 2018, avec des évolutions variables selon les EL. Les inégalités de prévalence de la BPCO (mesurées à la fois par la différence des taux et le ratio des taux) ont diminué entre 2008 et 2018 ;
la prévalence (ajustée pour l'âge) du diabète a augmenté dans tous les niveaux d’instruction depuis 1997, avec une légère stagnation en 2008. En ce qui concerne les inégalités, la différence absolue des taux entre les groupes de faible niveau d’instruction et de niveau d’instruction élevé est restée stable et importante depuis 2008 ; la différence relative a diminué depuis 2008, reflétant une augmentation proportionnelle de la prévalence du diabète plus faible dans les groupes de bas niveau que dans les groupes de haut niveau. Ainsi, même si le risque relatif a diminué en 2018, l'évolution globale des inégalités SE pour le diabète reste décevante : en effet, il est important d’obtenir une diminution des inégalités absolues, ce qui nécessiterait une évolution plus favorable de la prévalence du diabète dans le groupe socialement défavorisé que dans le groupe favorisé ;
la prévalence (ajustée pour l'âge) de l'asthme est restée stable jusqu'en 2013 et a augmenté en 2018. Les inégalités SE en matière d'asthme ont augmenté entre 2001 et 2013 (mesurées par la différence de taux et le ratio des taux), mais ont diminué en 2018.
Lorsqu'on examine les inégalités au niveau de la population, la fraction attribuable dans la population (FAP) était particulièrement élevée pour la BPCO (65+) et le diabète en 2008, et a diminué par la suite. Pour tous les indicateurs, la FAP tend à diminuer (depuis 2008 ou depuis 2013 selon les indicateurs) ce qui est dû en partie à une diminution du ratio des taux, et en partie à un changement dans la composition de la population, étant donné que le groupe à faible niveau d'instruction diminue au fil du temps.
Maladie chronique
Multimorbidité
Migraine
BPCO
Diabète
Ashtme
Prévalence des maladies chroniques par niveau d'instruction, 1997-2018, Belgique Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Prévalence de la multimorbidité par niveau d'instruction 1997-2018, Belgique Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Prévalence des maux de tête sérieux-migraine par niveau d'instruction, 1997-2018, Belgique Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Prévalence de BPCO (65+) par niveau d'instruction, 1997-2018, Belgique Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Prévalence du diabète par niveau d'instruction, 1997-2018, Belgique Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Prévalence de l’asthme par niveau d'instruction, 1997-2018, Belgique Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Différence absolue
Différence relative
FAP
Différence absolue dans les indicateurs de MNT, Belgique, 1997-2018 Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Différence relative dans les indicateurs de MNT, Belgique, 1997-2018 Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
FAP dans les indicateurs MNT, Belgium, 1997-2018 Source : Calculs des auteurs basés sur l’enquête de santé [10]
Le point de pourcentage (ppt) est la différence arithmétique entre deux pourcentages, par exemple avec 16 % dans le groupe A et 8 % dans le groupe B, la différence est de 8 ppt, ce qui correspond à un excès relatif de 100 %.
Multimorbidité
La présence d'au moins deux des maladies suivantes : maladie pulmonaire chronique, maladie cardiaque, hypertension, diabète, cancer et arthropathie.
Références
Mackenbach J. Health inequalities: Europe in profile. Expert Report commissioned by the EU. Department of Health Publications; 2006.
Feinstein JS. The relationship between socioeconomic status and health : A review of the literature. The Milkbank Quarterly. 1993
WHO Commission on Social Determinants on Health. Closing the gap in a generation: health equity through action on the social determinants of health. Geneva: WHO; 2008.
Executive Agency for Health and Consumer. Second Programme of Community Action in the Field of Health 2008-2013. European Commission; 2007.
Vlaamse overheid. Vlaamse Actieplan Geestelijke Gezondheid, Strategisch plan 2017-2019. 2017.
Gouvernement wallon. Plan prévention et promotion de la santé en Wallonie. Partie 1: définition des priorités en santé. Namur; 2017.
Sur la période 2015-2019, on observe un important gradient de mortalité en fonction des revenus. Ce gradient s’observe également pour d’autres marqueurs socio-économiques (tels que le niveau d’instruction ou l’occupation).
Pendant la première vague de la pandémie de COVID-19 :
parmi les personnes âgées de 40 à 64 ans, la mortalité est restée stable dans chaque décile de revenu, ce qui n'a entraîné aucune modification des inégalités de mortalité ;
parmi les personnes âgées de 65 ans et plus, la mortalité a augmenté dans tous les déciles de revenus, mais l'augmentation a été plus forte dans les déciles de revenus les plus faibles, ce qui a entraîné une augmentation des inégalités selon le revenu dans le groupe des 65 ans et plus.
La contribution de certaines pathologies aux inégalités de mortalité prématurée (moins de 75 ans) chez les hommes était la plus importante pour le cancer du poumon, les cardiopathies ischémiques, le suicide et les bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO). Chez les femmes, ces pathologies sont les cardiopathies ischémiques, le cancer du poumon, les maladies cérébrovasculaires et les BPCO.
2.Introduction
Les inégalités socio-économiques (SE) de santé désignent des disparités systématiques en matière de santé entre les groupes SE, le plus souvent en défaveur des groupes sociaux moins favorisés. Les inégalités SE de santé sont régulièrement observées dans les sociétés industrialisées dans le champ complet des indicateurs de santé de santé, depuis les déterminants de la santé jusqu’à la mortalité [1,2]. La lutte contre les inégalités de santé est une priorité pour l'OMS [3], l'Union européenne [4] et la Belgique [5-7]. Afin d'évaluer les progrès réalisés dans la réduction des inégalités de santé, il est important de les mesurer et de les suivre au cours du temps [8,9].
Les inégalités SE peuvent être calculées pour différents marqueurs socio-économiques, par exemple le niveau de revenu, le niveau d'instruction, la profession, ou un score multidimensionnel combinant plusieurs indicateurs SE. Les inégalités SE peuvent être exprimées en termes de différence absolue (ici, la différence de taux de mortalité entre le groupe le plus défavorisé et le groupe le plus favorisé) ou de différence relative (ici, le rapport des taux de mortalité des groupes extrêmes). Les détails méthodologiques sont fournis dans cette annexe.
Outre les taux de mortalité par groupes socio-économiques, nous avons également examiné les taux de surmortalité pour évaluer les inégalités. L'excès de mortalité pendant la crise COVID-19 par rapport à un taux de mortalité de référence (par exemple le taux moyen au cours 5 années précédentes) peut être exprimé en termes absolus (comme la différence des taux de mortalité entre la période COVID-19 et la période de référence, ici 2015-2019) ou en termes relatifs, avec un "p-score" (défini comme les taux de mortalité en excès divisés par le taux de mortalité de référence). Plusieurs études ont décrit les inégalités récentes en matière de mortalité toutes causes confondues [10-12]. Les résultats présentés ici proviennent pour la plupart de l'étude de Decoster et al [11] et mettent en évidence l'évolution des inégalités de revenu en matière de mortalité pendant la crise COVID-19. Les inégalités de mortalité par cause proviennent d'études antérieures [13,14].
3.Résultats
Inégalités SE en mortalité toutes causes
Inégalités en fonction du revenu
Au cours de la période 2015-2019
Au cours de la période pré-COVID-19 (2015-2019), on observait déjà un important gradient de mortalité en fonction des revenus [11].
Pour les hommes âgés de 40 à 64 ans, le gradient d’inégalité absolue, mesuré par la pente de l’indice d’inégalité (SII), atteignait 185 pour 100 000 personnes-années, ce qui signifie que le taux de mortalité dans le décile de revenus le plus bas dépassait de 185 (pour 100 000 personnes-années) le taux de mortalité du décile de revenu le plus élevé. L’inégalité relative, mesuré par l'indice relatif d'inégalité (RII), atteignait 5,3, ce qui signifie que le taux de mortalité (dans ce groupe d'âge) était 5,3 fois plus élevé dans le niveau de revenu le plus bas que dans le niveau le plus élevé. Pour les femmes âgées de 40 à 64 ans, les inégalités, bien que légèrement inférieures à celles des hommes, restent élevées, le SII atteignant 93 pour 100 000 personnes-années et le RII 3,9.
Pour les hommes âgés de 65 ans et plus, le SII atteignait 596 pour 100 000 personnes-années, avec un RII de 1,76. Pour les femmes âgées de 65 ans et plus, le SII atteignait 499 pour 100 000 personnes-années, avec un RII de 2,05.
Pendant la première vague de la crise COVID-19 (mars-mai 2020)
L'impact de la première vague de COVID-19 sur les inégalités de mortalité dépend des groupes d'âge.
Pour les hommes et les femmes âgés de 40 à 64 ans, les taux de mortalité observés lors de la première vague COVID-19 n'ont pas changé par rapport à ceux de la période de référence, et ce pour tous les groupes de revenus, les inégalités n'ont donc pas évolué.
Au contraire, pour les hommes et les femmes âgés de 65 ans et plus, les taux de mortalité ont augmenté de manière significative au cours des mois de COVID-19 pour tous les groupes de revenus. Cet excès de mortalité a été inégalement réparti entre les groupes de revenus : en termes absolus, les taux de mortalité ont augmenté davantage dans les groupes de revenus les plus bas (surmortalité de +350 pour 100 000 personnes-années) que dans les groupes de revenus les plus élevés (surmortalité de +150 pour 100 000 personnes-années). Dans le même temps, la surmortalité relative (c'est-à-dire la surmortalité au cours de l'année étudiée divisée par la mortalité de base, ou "score P") était plutôt similaire dans les différents niveaux de revenus, de sorte qu'aucun gradient significatif n'a pu être observé. Cet impact plus faible d’une variation inégale de la mortalité sur les inégalités relatives que sur les inégalités absolues est attendu lorsque la mortalité est en hausse : en effet, le changement proportionnel est moins affectée par une augmentation du taux de mortalité dans les groupes à mortalité élevée que dans les groupes à mortalité plus faible.
Cela a entraîné une augmentation du SII qui a atteint 791 et 672 pour 100 000 personnes-années respectivement chez les hommes et les femmes de 65 ans et plus. Le RII a augmenté de façon plus modeste, passant de 1,76 à 1,86 chez les hommes et de 2,05 à 2,31 chez les femmes.
Hommes
Femmes
Taux de mortalité par déciles de revenus chez les hommes de 65 ans et plus, période 2015-2019 par rapport à la première vague de la crise COVID-19, Belgique Source: Decoster et al. [11]
Taux de mortalité par déciles de revenus chez les femmes de 65 ans et plus, période 2015-2019 par rapport à la première vague de la crise COVID-19, Belgique Source: Decoster et al. [11]
Hommes
Femmes
Surmortalité absolue selon le décile de revenu chez les hommes âgés de 65 ans et plus, période 2015-2019 par rapport à la première vague de la crise COVID-19, Belgique Source: Decoster et al. [11]
Surmortalité absolue selon le décile de revenu chez les femmes âgées de 65 ans et plus, période 2015-2019 par rapport à la première vague de la crise COVID-19, Belgique Source: Decoster et al. [11]
Hommes
Femmes
Surmortalité relative (p-scores) selon le décile de revenu chez les hommes âgés de 65 ans et plus, période 2015-2019 par rapport à la première vague de la crise COVID-19, Belgique Source: Decoster et al. [11]
Surmortalité relative (p-scores) selon le décile de revenu chez les femmes âgées de 65 ans et plus, période 2015-2019 par rapport à la première vague de la crise COVID-19, Belgique Source: Decoster et al. [11]
Autres déterminants socio-économiques
Dans cette section, nous présentons des résultats mettant en évidence des inégalités de mortalité toutes causes au cours de la première vague de la crise COVID-19 selon d'autres déterminants SE.
Pour la période 2011-2015, les inégalités de mortalité toutes causes selon plusieurs déterminants SE ont été calculées par Aerden et al. et résumées par les inégalités en espérance de vie [10].
Évolution des inégalités par niveau d'instruction, première vague COVID-19 (mars-mai 2020)
Selon Decoster et al. [11], les inégalités d’instruction en matière de mortalité chez les personnes de moins de 65 ans, tout comme les inégalités de revenus, sont restées inchangées pendant la pandémie du COVID-19.
Pour les personnes âgées de plus de 65 ans, le gradient éducatif négatif bien connu en matière de mortalité s'est renforcé pendant la crise COVID-19 et le changement a été encore plus accentué que pour le gradient de revenu. L'augmentation des inégalités éducatives a été observée tant pour les inégalités absolues que pour les inégalités relatives.
Évolution des inégalités par quartiles d’un indice SE multidimensionnel, deux premières vagues de COVID-19 (mars-mai & october-november 2020)
Bourguignon et al. [12] ont étudié la relation entre la surmortalité chez les plus de 80 ans et un statut SE multidimensionnel au cours des deux premières vagues de COVID-19 ; elle est arrivée à une conclusion différente pour les personnes âgées de 80 ans et plus que pour les plus jeunes, avec une augmentation de la mortalité plus importante dans le groupe favorisé que dans le groupe défavorisé. Cette observation pourrait résulter en partie d'un effet de sélection en matière de santé - l'hypothèse étant que les personnes appartenant au groupe SE le plus bas et ayant atteint un âge avancé sont moins vulnérables, ce qui entraîne une réduction, voire une inversion, des inégalités de santé - et en partie du fait que les personnes ayant un statut SE indéterminé présentent le taux de mortalité le plus élevé et sont susceptibles d'appartenir au groupe le plus défavorisé.
Inégalités dans la mortalité par cause
Au cours de la période 2011-2015
Une étude d'Eggerickx et al. [14] présente les inégalités par groupes de cause de décès (COD) et d'âge sur la période 2011-2015, exprimées comme le rapport de la probabilité de décéder dans les différents groupes SE (ces groupes sont dérivés d'un score SE multidimensionnel distribué en quartiles) par rapport au groupe SE le plus élevé. Il s'agit d'une mesure relative de l'inégalité.
Pour chaque groupe de COD et à chaque âge, on observe un gradient social du risque de mortalité : plus le groupe social est élevé, plus le risque de décès est faible. Les inégalités SE relatives par groupes de COD étaient les plus élevées pour les maladies liées au système respiratoire et au système circulatoire.
Les inégalités SE relatives en mortalité diminuent avec l'âge. Un effet de sélection de la santé - selon l'hypothèse que les personnes appartenant au groupe SE le plus bas et ayant atteint un âge avancé sont moins vulnérables, ce qui réduit les inégalités de mortalité - pourrait jouer un rôle. La tendance par âge des inégalités absolues et relatives peut s'expliquer en partie par le faible nombre de décès à un jeune âge dans les deux groupes, ce qui donne une plus faible différence absolue aux jeunes âges, mais peut donner une grande différence relative.
Contribution de certaines causes de décès à l'inégalité en mortalité prématurée, période 2001-2006
Une étude précédente de Renard et al. [13] a examiné la contribution de certaines causes de décès à l'inégalité totale de la mortalité des moins de 75 ans au niveau de la population. Chez les hommes, la contribution du cancer du poumon, des cardiopathies ischémiques, du suicide et des bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) était la plus élevée ; chez les femmes, la contribution des cardiopathies ischémiques, du cancer du poumon, des maladies cérébrovasculaires et des BPCO était la plus élevée. Cela met en évidence les causes de décès pour lesquelles la réduction des inégalités profiterait le plus à l'ensemble de la population, en réduisant le niveau global de mortalité prématurée.
Hommes
Femmes
Classement des principlaes causes de décès en fonction de leur contribution (en %) à l’inégalité en mortalité prématurée (<75 ans), mesurée en « Fraction–attribuable-population (PAF) », hommes, Belgique, 2001 Source : Calculs des auteurs basés sur le recensement 2001 couplé à la mortalité pour un suivi de 5 ans
Classement des principlaes causes de décès en fonction de leur contribution (en %) à l’inégalité en mortalité prématurée (<75 ans), mesurée en « Fraction–attribuable-population (PAF) », femmes, Belgique, 2001 Source : Calculs des auteurs basés sur le recensement 2001 couplé à la mortalité pour un suivi de 5 ans
Mackenbach J. Health inequalities: Europe in profile. Expert Report commissioned by the EU. Department of Health Publications; 2006.
Feinstein JS. The relationship between socioeconomic status and health : A review of the literature. The Milkbank Quarterly. 1993.
WHO Commission on Social Determinants on Health. Closing the gap in a generation: health equity through action on the social determinants of health. Geneva: WHO; 2008.
Executive Agency for Health and Consumer. Second Programme of Community Action in the Field of Health 2008-2013. European Commission; 2007.
Vlaamse overheid. Vlaamse Actieplan Geestelijke Gezondheid, Strategisch plan 2017-2019. 2017.
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Braveman PA. Monitoring equity in health and healthcare: a conceptual framework. JHealth PopulNutr. 2003.
Maeseneer JD, Willems S. Terugdringen Sociale Gezondheidskloof: van concept naar politieke implementatie. Gent: Ghent University; 2021.
Aerden KV, Damiens J, Moortel DD, Eggerickx T, Gourbin C, Huegaerts K, et al. Causes of health and mortality inequalities in Belgium: multiple dimensions, multiple causes.
Decoster A, Minten T, Spinnewijn J. The Income Gradient in Mortality during the Covid-19 Crisis: Evidence from Belgium. J Econ Inequal. 2021.
Bourguignon M, Damiens J, Doignon Y, Eggerickx T, Fontaine S, Lusyne P, et al. Variations spatiales et sociodémographiques de mortalité de 2020-2021 en Belgique. L’effet de la pandémie Covid-19, Document de travail 27. Louvain-la-Neuve: Centre de recherche en démographie; 2021.
Renard F, Tafforeau J, Deboosere P. Premature mortality in Belgium in 1993-2009: leading causes and 15 years changes. 2014. doi: 10.1186/2049-3258-72-34
Eggerickx T, Sanderson J-P, Vandeschrick C. Mortality in Belgium from nineteenth century to today: Quetelet Journal. 2020.
Les personnes ayant un statut socio-économique (SSE) plus élevé vivent plus longtemps. En 2020, l'écart d'espérance de vie à la naissance entre le groupe socio-économique le plus élevé et le groupe socio-économique le plus bas (défini comme les quartiles d'un score multidimensionnel socio-économique) était de 9,3 ans pour les hommes et de 6,3 ans pour les femmes. Les écarts se sont creusés jusqu'en 2011 puis ont fluctué à un niveau plus élevé qu’avant.
Les personnes dont le SSE est plus élevé vivent également plus longtemps en bonne santé. L'écart en matière d'espérance de vie sans incapacité à 25 ans (EVSI_25) entre les niveaux d'instruction les plus élevés et les plus bas était de 10,5 ans pour les hommes et de 13,4 ans pour les femmes au cours de la décennie 2011. Les écarts d'espérance de vie sans incapacités ont augmenté entre les décennies 2001 et 2011.
On observe de fortes inégalités dans la santé perçue : les personnes ayant un faible niveau d'instruction jugent que leur santé est mauvaise (ou moyenne) 2,2 fois plus souvent (35 %) que les personnes ayant un niveau d'instruction élevé (16 %), après ajustement pour l'âge. Les inégalités de santé perçue ont augmenté jusqu'en 2013 puis se sont stabilisées à un niveau plus élevé qu'auparavant.
2.Introduction
Les inégalités socio-économiques (SE) de santé désignent des disparités systématiques en matière de santé entre les groupes SE, le plus souvent en défaveur des groupes sociaux moins favorisés. Les inégalités SE de santé sont régulièrement observées dans les sociétés industrialisées dans le champ complet des indicateurs de santé de santé, depuis les déterminants de la santé jusqu’à la mortalité [1,2]. La lutte contre les inégalités de santé est une priorité pour l'OMS [3], l'Union européenne [4] et la Belgique [5-7]. Afin d'évaluer les progrès réalisés dans la réduction des inégalités de santé, il est important de les mesurer et de les suivre au cours du temps [8,9].
Cette section rend compte des inégalités dans la durée et la qualité de vie. Les résultats présentés ici proviennent de plusieurs études récentes [10-14]. Elles utilisent différents marqueurs socio-économique. Les détails méthodologiques peuvent être trouvés dans cette annexe.
Les inégalités récentes en matière d'espérance de vie à la naissance (EV_0) sont basées sur les travaux de Aerden et al [14] et Bourguignon et al [10]. Le marqueur de position SE est un score multidimensionnel, divisé en quartiles.
L’espérance de vie et l’espérance de vie sans incapacité à 25 ans (EV_25 et EVSI_25) sont basées sur le travail de Renard et al. [12] avec le niveau d'instruction groupé en 3 catégories (bas, moyen, élevé) comme marqueur de la position socio-économique. Les EV_25 en fonction d'autres marqueurs de la position SE sont basées sur le travail d'Eggerickx et al [11].
Les inégalités en matière de santé perçue ont été dérivées de l'enquête de santé (HIS) et utilise le niveau d'instruction (en 3 catégories) comme marqueur de la position socio-économique.
Outre les résultats ventilés par niveau socio-économique, nous avons également calculé l'ampleur des inégalités en calculant quatre indices d'inégalité :
la différence absolue et relative entre les groupes à niveau d'instruction faible et élevée ;
l'indice d'inégalité composite (IIC), c'est-à-dire le nombre d'années de gain d'espérance de vie (sans incapacités) attendu pour l'ensemble de la population si tous les groupes avaient l'espérance de vie (sans incapacités) du groupe socio-économique élevé ;
fraction attribuable au niveau de la population (FAP), c'est-à-dire le pourcentage de gain en santé attendu dans l'ensemble de la population si tous les groupes bénéficiaient de la santé du groupe à haut niveau d'instruction.
Inégalités socio-économiques en matière d'espérance de vie, d'espérance de vie sans incapacités et de santé perçue
En Belgique, en 2020, les écarts de d’espérance de vie à la naissance (EV_0) entre le premier et le quatrième quartile du score multidimensionnel étaient de 9 ans chez les hommes et de 6 ans chez les femmes [10], soit une légère augmentation par rapport à 2019. Par ailleurs, un gradient social est observé, l’EV_0 augmentant progressivement lorsque l’on passe vers un quartile plus favorisé. S'il n'y avait pas d'inégalités et que l'ensemble de la population connaissait l’EV_0 du groupe socio-économique le plus élevé, le gain en matière d’EV_0 dans la population atteindrait 4,2 ans chez les hommes et 2,7 ans chez les femmes (indice composite d'inégalité CII, calculs propres).
En 2011 (après un suivi de 5 ans), les écarts en matière d’EV_25 entre les personnes les moins instruites et les personnes avec un diplôme de l’enseignement supérieur étaient de 6,1 ans pour les hommes et de 4,6 ans pour les femmes (niveau d’instruction en trois catégories). Le gain d’EV_25 atteindrait 3,4 ans pour les hommes et 2,4 ans pour les femmes s'il n'y avait pas d'inégalités. Pour l’EVSI_25, l'écart était encore plus élevé, atteignant 10,5 ans pour les hommes et 13,4 ans pour les femmes [12]. Le gain EVSI_25 atteindrait 6,0 ans pour les hommes et 7,2 ans pour les femmes s'il n'y avait pas d'inégalités.
Pour la santé perçue, de grandes inégalités ont également été observées. En 2018, les inégalités absolues ont atteint 19 points de pourcentage (ppt) ; les personnes peu instruites étaient 2,2 fois plus susceptibles de juger leur santé mauvaise (ou moyenne) par rapport aux personnes très instruites. Le FAP atteint 30 %, ce qui signifie que si l'ensemble de la population jugeait sa santé au même niveau que celle du niveau d'instruction élevé, la prévalence de la mauvaise santé perçue diminuerait de 30 %.
Inégalités socio-économiques en matière d'espérance de vie, d'espérance de vie sans incapacité et de santé perçue, Enquête de santé par interview, Belgique, 2018 Sources : (a) Bourguignon et al. [10] ; (b) calculs de Renard et al. basés sur le recensement 2011 lié à un suivi de la mortalité sur 5 ans, et le niveau d'instruction regroupé en 3 catégories [12] ; (c) calculs propres basés sur la Health Interview Survey, avec le niveau d'instruction regroupé en trois catégories, Sciensano [15]
Indicateur socio-économique
Année
Sexe
Valeur pour le groupe socio-économique bas
Valeur pour le groupe socio-économique élevé
Différence absolue
Différence relative
IICabs
FAP
Espérance de vie à la naissance(a)
Score multi-dimensionnel (quartiles)
2020
Masc
73,5
82,8
-9,3
-
4,2(d)
-
Fem
79,7
86,0
-6,3
-
2,7(d)
-
Espérance de vie à 25 ans(b)
Niveaux d'instruction (3)
2011-2015
Masc
51,7
57,8
-6,1
-
3,4
-
Fem
57,3
61,9
-4,6
-
2,4
-
Espérance de vie sans incapacité à 25 ans(b)
Niveaux d'instruction (3)
2011-2015
Masc
37,0
47,5
-10,5
-
6,0
-
Fem
35,5
49,0
-13,4
-
7,2
-
Mauvaise santé perçue (% population ≥ 15 ans)(c)
Niveaux d'instruction (3)
2018
Tous
34,7%
15,8%
18,9%
2,2
-
30,0%
Écarts socio-économiques en matière d'espérance de vie en fonction de différents marqueurs socio-économiques
D'importants écarts socio-économiques d'espérance de vie sont observés quel que soit le marqueur socio-économique choisi. Selon le marqueur socio-économique, les écarts en EV_25 entre les positions socio-économiques extrêmes variaient en 2011 (avec un suivi de 5 ans) entre 5,6 et 8,7 ans pour les hommes et entre 3,1 et 6,4 ans pour les femmes.
Différence d'espérance de vie à 25 ans en fonction de différentes variables socio-économiques, Belgique, recensement 2011 avec suivi de la mortalité pendant 5 ans. Sources: (a) Eggerickx et al [11] + (b) Renard et al [12]
Tendances
Evolution des inégalités en espérance de vie
Les différences absolues de EV_0 ont augmenté entre 1992-1996 et 2011-2015. Ensuite, nous observons une légère baisse en 2019 et à nouveau une légère augmentation en 2020. Une évolution similaire est observée pour l'IIC.
Ecarts absolus en EV
IICabs en EV
Évolution des écarts d'espérance de vie à la naissance entre le premier et le dernier quartile du score socio-économiques multidimensionnels, par sexe, Belgique, 1992-2020 Source: (a) Aerden et al + (b) Bourguignon et al [10,14]
Évolution de l'inégalité absolue par quartiles du score SE au niveau de la population en matière d'espérance de vie à la naissance (IICabs), par sexe, Belgique, 1992-2020 Source: Own calculations from (a) Aerden et al + (b) Bourguignon et al [10,14]
Evolution des inégalités en espérance de vie sans incapacités
L'évolution entre 2001 et 2011 révèle une forte augmentation des écarts en années de vie pour l’EVSI_25 (+ 4,0 ans pour les hommes et + 4,1 ans pour les femmes). En utilisant l'IIC, l'indice d'inégalité pondérant pour les changement de composition SE de la population, on observe une forte augmentation de l’ICC pour l'espérance de vie sans incapacité tant chez les hommes (+73 %) que chez les femmes (+20 %). Tous les indices d'inégalité montrent une augmentation de l'inégalité de l'espérance de vie dans incapacités.
Ecarts absolus en EVSI
IICabs en EVSI
Évolution des écarts d'espérance de vie sans incapacités entre les niveaux d'instructions le plus élevé et le plus bas, par sexe, Belgique, 2001 et 2011 Source : Calculs des auteurs à partir des recensements 2001 et 2011 liés à la mortalité
Évolution de l'inégalité absolue par niveau d'instruction au niveau de la population en matière d'espérance de vie sans incapacité, par sexe, Belgique 2001 et 2011 Source : Calculs des auteurs basés sur les recensements 2001 et 2011 liés à la mortalité, et les enquêtes de santé 2001 à 2013
Evolution des inégalités pour la santé perçue
Les inégalités de santé perçue ont augmenté jusqu'en 2013 puis se sont stabilisées : les différences relatives et absolues suivent la même tendance et ont augmenté jusqu'en 2013, elles sont restées constantes à un niveau élevé entre 2013 et 2018. Le FAP a augmenté depuis 1997 mais cette augmentation n'est pas significative.
Différence de taux et ratio de taux dans l’évaluation de sa santé comme mauvaise (ou moyenne), Belgique, 1997-2018 Source : Calculs des auteurs basés sur l'enquête de santé, Sciensano [15]
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